Depuis le passage de #MeToo puis #MeTooInceste, le consentement est une notion qui est revenue en force et c’est bien normal, car cette règle du jeu, au centre de toutes nos relations, y compris de la relation à nous-même, a été mise sous le tapis bien trop longtemps…
C’est quoi le consentement ?
- le consentement doit s’exprimer de manière libre et éclairée, sans pression extérieure : ainsi, un accord donné sous la menace, la contrainte, ou sous l’effet de l’alcool par exemple, n’est pas un accord valable ;
- le consentement s’inscrit dans le cadre d’une relation entre deux personnes : mais bien-sûr, plus on apprend à se connaître, s’écouter, s’affirmer, moins on cède à l’influence des autres ;
- le consentement peut concerner sa personne, ses biens ou les deux : l’accord ou le désaccord peut donc concerner quelque chose de moral, peut concerner son corps, ou encore quelque chose de matériel ;
- le consentement est révocable en cours de route : ainsi, un accord n’est pas infini ou applicable à toutes situations.
Comment cela s’applique dans l’enfance ?
Bien que le consentement soit souvent une notion associée aux rapports sexuels, elle concerne plus généralement l’étendue de nos relations. Et qui dit relation, dit soi et l’autre. De fait, le consentement est une notion clé dans la connaissance de soi (ses envies, ses limites, son corps), dans la capacité à le reconnaître et à l’exprimer.
Ceci dit, les enfants, et notamment les plus jeunes, sont dépendants des adultes, ne sont pas toujours en capacité de s’exprimer verbalement, sont en plein apprentissage de la socialisation et aussi en pleine découverte de leur corps ! C’est pourquoi, le consentement est quelque chose qui s’apprend, qui s’accompagne, qui se verbalise au quotidien, et c’est un apprentissage qui commence dès la petite enfance.
Comme le dit si bien Anaëlle Sanzy, « nous sommes les coffres à outils de nos enfants, ils s’approprient notre façon d’agir », et Peggy O’Mara « la façon dont nous parlons aux enfants devient leur petite voix intérieure », les adultes ont le devoir de montrer l’exemple en terme de consentement, mais aussi d’apprendre aux enfants à le formuler.
Des situations de la vie quotidienne
Dans le quotidien, cela passe par le rapport au corps, et plus généralement dans notre communication, dans le fait de prévenir, de demander l’avis et de le prendre en considération. Voici quelques exemples de la vie quotidienne dans lesquels le consentement est en jeu :
- l’alimentation : l’occasion de mettre en mot la sensation de satiété et ne pas forcer à finir son assiette ;
- le change : l’occasion de verbaliser ce que l’on fait pour prévenir l’enfant de nos gestes, nommer les parties génitales, mettre en mot les possibles ressentis de l’enfant ;
- les émotions : accompagner l’enfant à verbaliser les émotions mais aussi les besoins qui en découlent (être dans sa bulle, faire un câlin, s’isoler, se défouler dehors, etc.) ;
- les bisous-câlins : transformer les injonctions à faire/recevoir un bisou pour dire bonjour, au revoir, ou pardon, en question et proposer des alternatives si besoin (faire coucou, verbaliser, sourire, …) ;
- les chatouilles : faire attention aux signes qui témoignent des limites de l’enfant et les verbaliser, mettre en place un code pour arrêter le jeu si besoin.
Des livres pour initier au consentement
Outre le fait de montrer l’exemple au quotidien et d’accompagner la verbalisation, quelques livres peuvent également permettre d’aborder cette notion avec les enfants, y compris dès la petite enfance :
- « Chat ! », de Claire Garralon aux éditions Talents Hauts, est un livre qui introduit la notion de consentement dès le plus jeune âge, en prenant l’exemple d’un chat avec qui l’on a envie de jouer, d’attraper, de caresser, mais de quoi a envie le chat ? ;
- « Je peux te faire un bisou ? », de Soline Bourdeverre-Veyssiere et Chloé Fruy aux éditions Il était un e-book, où l’on suit Castille qui se questionne beaucoup sur les bisous en présence de ses doudous et jouets ;
- « D’acc ou pas d’acc », de Margaux et Camille Perrin aux éditions Big Pepper, où Efia qui adore les bisous se confronte à Juliette qui déteste les bisous ;
- « Ça suffit les bisous ! », de Pascal Bruckner, Jean-Pierre Kerloc’h et Mayana Itoïz aux éditions Glénat Jeunesse ; où une petite fille couverte de bisous finit par étouffer et poser les limites ;
- « J’ai le droit de dire NON ! « d’Ophélie Célier, Thomat Piet, Fanny Vella aux éditions Petit Kiwi, où l’on suit Ayo qui sait jusqu’à présent qu’elle peut dire oui, mais découvre aussi le pouvoir de dire non !
Des livres pour mieux connaître et comprendre son corps
Certains livres abordent plus précisément la question du corps, pour le découvrir, le connaître, apprendre à nommer, identifier les zones intimes, s’aimer comme on est :
- « J’aime mon corps », de Nikki Luna, Julienne Dadivas aux éditions Bayard Jeunesse ;
- « Les petits illustrés de l’intimité 1 et 2 », de Mathilde Baudy et Tiphaine Dieumegard aux éditions Atelier de la belle étoile ;
- « Le petit guide de la foufoune sexuelle », de Julia Pietri aux éditions Better Call Julia ;
- « Je n’ai pas de zizi… Il me manque un truc ? », de Soline Bourdeverre-Veyssiere aux éditions Petit Kiwi.
Des livres pour prévenir les violences
Enfin, certains livres abordent plus précisément le sujet de l’inceste ou des violences sur mineurs, en vue de les prévenir, de trouver les mots et les outils :
- « Respecte mon corps » de Catherine Dolto aux éditions Gallimard Jeunesse : un livre pour identifier les câlins qui font du bien, des caresses non désirées et interdites ;
- « Les petits et les (trop) gros secrets » de Mylen Vigneault aux éditions Alice Eds : un livre qui nous parle des secrets légers comme des bulles, et des secrets poison, trop lourds à porter ;
- « Le loup » de Mai Lan Chapiron aux éditions La Martinière Jeunesse : un livre pour briser le tabou de l’inceste.